Suzanne Vuillerme entre chez René Boivin en 1919 comme dessinatrice modéliste. Dès 1924 -alors qu'elle n'a que 24 ans- Jeanne Boivin lui réitère sa confiance en la nommant co-directrice de la maison, cette même année elle épousera Jean Belperron.
Ses créations s'opposent au style Art Déco, les formes comme l’association des matières plus ou moins précieuses s’avèrent inhabituelles ; ses bijoux se veulent sensuels, généreux, volumineux en accord parfait avec la femme moderne.
En couverture des magazines, les bijoux Boivin subliment les tenues de Lucien Lelong, Elsa Schiaparelli, Madeleine Vionnet ou Coco Chanel de par leur présence aussi singulière que raffinée. De nombreuses créations de Suzanne Belperron pour René Boivin auront une influence significative sur le cours de l'histoire de l’art de la joaillerie au 20ème siècle.
En février 1932 Suzanne Belperron quitte la maison Boivin pour rejoindre Bernard Herz célèbre négociant en pierres.
Juliette Moutard rejoint alors l'entreprise en 1933, dessinatrice de formation, elle orientera progressivement René Boivin vers des thèmes plus naturalistes tels que la faune et la flore qui deviendront un des reflets du nom Boivin. Par ailleurs, les thèmes indiens, plus connus sous le nom de « collection hindou », illustrent eux aussi l’œuvre de Juliette Moutard pour René Boivin, tout comme la « passementerie » qui inspira bon nombre de ses créations.
Juliette Moutard restera fidèle à la maison durant presque quarante années et prendra sa retraite en 1970.
Marie-Caroline de Brosses est alors engagée chez Boivin, c’est en 1970 que la jeune créatrice âgée de 21 ans -fraichement diplômée en architecture- prendra le relais de Juliette Moutard. Sa fraicheur insuffle un vent de nouveauté dans la maison, elle introduira des créations dans l’air du temps proposant des dessins plus simples et plus épurés. En quête perpétuelle de nouvelles formes, de nouveaux matériaux et de dispositifs innovants, Marie Caroline de Brosses aimait tout particulièrement les bijoux dotés de mécanismes permettant de dissimuler les pierres tels ses fameux bracelets à cachettes.
Après quelques longs séjours d’intermittence à l’étranger sa carrière chez René Boivin se conclura à la fin des années 1980.
Sylvie Vilein sera, pour la maison Boivin, la dernière dessinatrice du XXe siècle, engagée en 1989, elle dessinera jusqu'en 1999.
Joaillière de formation Sylvie Vilein travaille quelques années en atelier sur des maquettes de bijoux, sitôt embauchée chez René Boivin elle se consacre au dessin uniquement. Son œuvre se caractérise par la qualité et la finesse de son pinceau, elle a le talent de pouvoir transposer le bijou sur le papier avec une dextérité inégalable. Elle sera une adepte des bijoux techniques comme la fleur de trèfle ou des montres coulissantes, elle est également la créatrice de la pieuvre articulée.
Sa formation de Joaillière lui concède une complicité toute particulière avec les ateliers.
Fidèle à la puissance de création comme au style de René Boivin, l’atelier des dames -à l'avant-garde des nouvelles idées en matière de joaillerie- s'est forgé une réputation pour son extraordinaire savoir-faire et ses bijoux articulés ou transformables. Le travail était une passion pour ceux qui travaillaient chez Boivin à l’heure où le temps n'était pas un obstacle à la réalisation de belles pièces.